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On reste un peu dubitatif à la vision de J.Edgar, qui fait parfois office de film fauché, tant les maquillages sont douteux ( seul celui de Dicaprio est crédible ), les SFX limites ( voir la séquence d'explosion au début du film ), la photo transparente ( Tom Stern a pourtant plusieurs fois prouvé chez Eastwood qu'il pouvait faire des merveilles ).

De là à penser que cette sobriété adoptée par Clint Eastwood masque un manque cruel de moyens et/ou de créativité, il n'y a qu'un pas....

Pourtant, J.Edgar, incarné par un Dicaprio convaincant et dévoué, s'avère être subtilement dépeint par un réalisateur inspiré qui sonde les travers d'une âme torturée :

La tentative maladroite du baiser dans la bibliothèque s'avère être une scène clef, embryon de love story immédiatement avortée, qui permet à Eastwood de saisir toute la complexité du personnage :

Helen Gandy, (incarnée par Naomi Watts), refusant les avances d'un J.Edgar maladroit et embarrassé, n'apparaîtra plus dans le film que affublée d'un maquillage horrible de vieille dame ( on peut alors considérer la pauvreté technique du maquillage comme argument de poids, punissant Helen Gandy d'avoir révélé à l'écran les premières failles du personnage ) et sous les ordres de J.Edgar, seul rapport avec les femmes qui lui est possible.

Logique dès lors qu'Eastwood aborde la question d'homosexualité refoulé, dont on ne sait si elle est réprimée dans un besoin de vouloir préserver une image publique, hypothèse appuyée par le travestissement de la réalité auquel s'emploie J.Edgar, en s'appropriant certains événements et en refusant qu'on le rabaisse en public, ou tout simplement par le fait qu'il soit une créature asexuée dans l'impossibilité d'avoir une vie sociale ou amoureuse, confondat de maladresse quand une femme lui fait des avances, mais d'une assurance à toute épreuve dans l'exercice de ses fonctions.

Eastwood laisse entrevoir avec subtilité les failles de son personnage, et il est intéressant de voir défiler des événements historiques majeurs de l'histoire de l'Amérique à travers le prisme d'un homme comme J.Edgar, mais le film ne décolle jamais.

Même si l'indécrottable académisme du réalisateur colle bien au sujet, il y avait tout de même là de quoi prendre quelques risques...

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