apres mai assayas cadre

Avant première Française au FIFIB 2012

 

Si « L’eau Froide » ( 1994 ) contenait des tranches de vie plus ou moins fantasmées de l’auteur, « Après Mai », lui, est ouvertement autobiographique.

Nous y retrouvons Gilles, alter égo du cinéaste, et ses camarades, emportés par l’effervescence contestataire et créatrice caractéristique de l’époque ( le début des années 1970 ) et tiraillés entre engagement politique et aspirations plus personnelles. Assayas , cinéaste du mouvement, dépeint avec ferveur les velléités révolutionnaires de toute une génération trop jeune pour avoir connu Mai 1968, mais assez pour croire en un idéal. Si le témoignage d’époque est crédible et réussi ( les choix musicaux, de Syd Barrett à Soft Machine, en passant par Incredible String Band, Nick Drake, Captain Beefheart ou Dr Strangely Strange, sont d’une exemplaire perspicacité, et se déploient au sein même du récit en conservant leur propre autonomie ), tout comme le choix des acteurs, ( mêlant des non professionnels à la jeune mais déjà certifiée Lola Créton ), le film souffre de redoutables baisses de rythme symptomatiques de cette sensation de voir un temps inconnu et révolu se déployer à l’écran.

 

Car si l’auteur ne verse jamais dans la nostalgie facile, en prenant même une certaine distance vis-à-vis d’un récit pourtant autobiographique, encore faut-il avoir vécu cette époque pour que la vision d’Après Mai soit réellement profitable.

En reste un témoignage sincère d’une jeunesse pour qui l’engagement politique fit  un révélateur et un catalyseur spirituel,  et où chacun dû trouver sa voix : en s’engageant de manière encore plus radicale, en embrassant le mouvement hippie débarqué sur le tard en France, ou en s’ouvrant à l’art, à l’image de Gilles/Assayas  pour qui la peinture fut une réelle passion,  en même temps qu’une échappatoire au vacarme ambiant. La révolution comme parcours initiatique en somme.

 

Ce qui peut nous amener à théoriser sur les rapports ambigus entre  contexte politique et expression artistique. Comme le rappela Olivier Assayas lors de sa Masterclass,  « les années 1970 ne furent pas des années propices, pour un adolescent, au développement d’un intérêt pour les arts : La génération s’intéressait plus à la contre culture en tant que révolution politique qu’en tant que mouvement culturel. » Paradoxal quand  on mesure, avec le recul qui est le notre aujourd’hui,  l’inépuisable influence artistique de cette décennie sur les suivantes….

Pour finir, une citation extraite du « Troisième Homme » de Carol Reed, à remettre dans son contexte, bien évidemment…

 

"L'Italie sous les Borgia a connu trente ans de terreur, de meurtre, de carnage...Mais ça a donné Michel-Ange, De Vinci et la Renaissance.

La Suisse a connu la fraternité, 500 ans de démocratie et de paix. Et ça a donné quoi ? ... Le coucou ! "

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